En pleine lumière – La vie de Marie, trans.

©Adrienne Mahiels – 15/01/2022

La vie de Marie, trans.

Elle est née « Raphaël » tout en étant « Marie ». Une femme coincée dans un corps d’homme, mauvaise distribution du genre à la naissance. Une souffrance au quotidien et une mauvaise connaissance du phénomène par la société.

Loin des articles « clichés » médicaux ou psychologiques, Marie a accepté de répondre aux questions, parfois un peu indiscrètes, qu’on lui pose fréquemment.

Ces réponses lui sont personnelles. Son ressenti et son quotidien, ne sont pas forcément identiques à une autre personne trans.

 

  • Pourquoi avoir changé en « Marie » plutôt que de féminiser « Raphaël » ?

J’ai préféré choisir un prénom vraiment féminin pour faciliter la transition, pour qu’on me pose moins de questions et pour éviter pas mal de problèmes plus tard.

  • Pourquoi as-tu décidé d’être transgenre ?

Je ne l’ai pas décidé, c’est comme ça, je ne l’ai pas choisi. J’ai compris que j’étais trans. lorsque j’ai appris que cela existait, quand j’ai su mettre un mot, un terme là-dessus, quand j’ai su que je n’étais pas la seule.

  • Quelles difficultés as-tu rencontré ?

La première difficulté a été de comprendre que je suis trans. Je le cachais à moi-même, je ne savais même pas que ça existait ! J’ai dû oser en parler à des amies très proche en qui j’avais confiance pour qu’elles m’aident à comprendre et à me libérer. J’ai vraiment réalisé et compris qui je suis après avoir passé ma première soirée en tant que femme.

La seconde difficulté a été de me renseigner sur le sujet pour comprendre ce qui m’arrive et ce qui allait m’arriver car je ne savais même presque pas ce qu’étaient les LGBT !

Ensuite sont venues les difficultés d’ordre médical. Heureusement, je connais une amie psychologue qui a pu m’orienter et me donner des contacts de professionnels exerçant à proximité de chez moi. Cela n’a d’ailleurs pas été simple d’avoir des rendez-vous à cause du covid…

  • Quelle a été la réaction de tes proches ?

J’ai eu un peu de tout comme réactions.

Les premières personnes au courant étaient mes amis très proches. Ils m’ont aidé à me chercher et à me trouver lorsque je menais une double vie. Plus tard, lorsque j’étais certaine d’être une femme trans., j’en ai parlé à ceux pour qui j’étais certaine que ça allait bien se passer.

Quand j’ai fait mon coming-out, une partie de mes proches a assez bien réagi. Ils ont fait l’effort de changer directement de prénom. Les autres ont ignoré, voire très mal pris, l’information. Je ne suis plus amie avec ces personnes car non seulement elles n’acceptent pas ce changement mais elles ont également dit que je ne suis plus là même personne, que j’ai menti et caché qui je suis, qu’ils auraient voulu le savoir directement.

Quant à mes parents, ils l’ont su à un Noël par le biais d’une lettre. Ils ont mis 3 bons mois avant de venir m’en parler et accepter peu à peu tout ce changement. Pour l’instant, ils ont encore du mal.

  • Comment réagissent les personnes qui ne te connaissent pas ?

Il y a plusieurs types de réactions. Il y a, bien-sûr (et malheureusement), les agressions et les moqueries.

Il y a ceux qui passent leur chemin en m’ignorant totalement. Il y a ceux qui m’observent et, dans leurs yeux, je sais s’ils me regardent avec bienveillance, sans méchanceté ou juste par pure curiosité. Il y a aussi ceux qui osent venir me voir pour me poser des questions, m’encourager. Et puis il y a quelques personnes qui me félicitent simplement, qui valident mon style vestimentaire etc.

  • Lorsque tu rencontres une personne qui te plait, lui en parles-tu directement ?

Si je rencontre la personne en réel, soit elle me rencontre en femme et, du coup, elle le voit directement et on en parle, soit je suis en homme (pour ma sécurité ou simplifier les choses) et, dans ce cas, qu’elle le remarque ou non, j’explique et on en discute (si la personne le désire).

Si c’est sur un site, sachant que je ne mets que des photos de moi en femme et que j’accompagne d’une légende, il n’y a pas de doute.

  • Désires-tu te faire opérer et, si oui, as-tu déjà commencé des opérations ?

Oui je désire me faire opérer mais le processus médical est long (plusieurs rencontres préalables sur une longue période avec des professionnels de la santé).

  • Comment caches-tu ton pénis pour mettre des robes/jupes ?

Tout dépend de la robe/jupe. Si le modèle est ample, je ne fais rien de particulier. Par contre, si c’est moulant, je dois utiliser une technique pour tout rentrer et cacher.

La vraie technique consiste à remonter les testicules, à tirer le pénis vers l’arrière puis le coincer entre les fesses et le scotcher (en prenant soins de bien se raser avant !). C’est très douloureux et il est impossible d’aller aux toilettes, par exemple.

J’utilise une autre technique beaucoup moins douloureuse et contraignante mais un peu moins efficace visuellement parlant : je tire mon pénis entre mes fesses puis je mets un string très serré. Ensuite, je remonte mes testicules et je mets un slip fin et également serré. Je le transforme en string puis je mets de nouveau un string pour maintenir l’ensemble.

 

  • Et au niveau de ta poitrine ?

Pour l’instant, je porte un soutien-gorge rembourré ou des prothèses.

 

 

Merci pour toutes ces réponses Marie, je te souhaite plein de bonheur dans cette nouvelle vie, ta VRAIE vie, qui s’ouvre enfin à toi

En pleine lumière - La vie de Marie, trans.

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