La vasectomie

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©Adrienne Mahiels – 28/01/2023

Beaucoup pensent encore que la contraception est une affaire de femme. Pourtant, pour lutter contre les hormones ingurgitées de toute part, contre l’opération de ligatures des trompes difficile, douloureuse et encore difficilement acceptée par les médecins et la société, contre d’autres procédés intrusifs, par souci d’égalité ou pour partager la charge mentale qu’est la contraception, certains hommes ont décidé de réagir : se faire vasectomiser.

Cette opération rapide et efficace séduit de plus en plus de nombreux hommes ne voulant pas ou plus d’enfant. Mais qu’est-ce donc exactement ? Et comment procède- t-on ?

La vasectomie, qu’est-ce que c’est ?

La vasectomie est une intervention chirurgicale permettant d’obtenir une stérilisation chez les hommes.

 

Les canaux déférents acheminant les spermatozoïdes des testicules jusqu’à l’urètre sont sectionnés, permettant ainsi de bloquer l’expulsion de ceux-ci. Le sperme ne contient donc plus de spermatozoïdes (azoospermie), ce qui empêche la fécondation.

 

Notons que l’intervention ne modifie pas la capacité à éjaculer ! En effet, Le sperme contient toujours autant de liquide séminal mais plus de spermatozoïde. La production des spermatozoïdes continue mais ceux-ci meurent après quelques jours et sont absorbés par l’organisme, ce qui est déjà le cas, de base, pour les “vieux” spermatozoïdes non éjectés.

 

Attention : la vasectomie ne protège pas des infections sexuellement transmissibles.

Comment se forment les spermatozoïdes ?

La spermatogénèse a lieu dans les tubes séminifères situés dans les testicules.

Une fois libérés (spermination), les spermatozoïdes poursuivent leur maturation et sont stockés dans l’épididyme, petit organe accolé aux testicules.

 

Lors de l’éjaculation, les spermatozoïdes passent par le canal déférent (spermiducte), ensuite par le canal éjaculateur puis vers la prostate – se mélangeant aux sécrétions des vésicules séminales et prostatiques – pour enfin se diriger vers l’urètre et sortir par le méat urétral.

 

trajet des spermatozoïdes

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La procédure

Contrairement à la ligature des trompes, il n’y a pas de critère pour bénéficier d’une vasectomie. L’intervention s’adresse aux hommes majeurs, quel que soit leur statut marital ou leur nombre d’enfants. Notons qu’en Belgique, il n’y a pas de loi1 pour cette opération.

 

L’urologue commence par un protocole de questions afin de s’assurer de la motivation du patient (pourquoi souhaite-il une vasectomie, a-t-il des enfants etc.).  S’ensuit la signature d’un document attestant que le patient comprend les conséquences de l’opération. En effet, la vasectomie est actuellement difficilement réversible ! Un délai de réflexion peut être ensuite demandé par le/la médecin mais celui-ci n’est pas obligatoire en Belgique, contrairement à d’autres pays comme la France où une attente de 4 mois est imposée.

 

Plusieurs techniques existent mais deux sont principalement pratiquées : avec ou sans scalpel. Cette dernière aboutit au même résultat mais ne nécessite qu’une micro-incision avec une pince spéciale au centre du scrotum, contrairement à deux petites incisions (d’un demi-centimètre à un centimètre maximum) pour la vasectomie avec scalpel.

 

L’anesthésie est généralement locale et l’opération ne dure qu’une petite demi-heure.

 

Après une (ou deux, selon la technique) incision dans le scrotum, le canal déférent de chaque testicule est extériorisé, sectionné puis ligaturé ou cautérisé, empêchant définitivement les spermatozoïdes de se mélanger dans le liquide séminal. Notons qu’une vasectomie sur un seul testicule n’a pas de sens puisque l’autre fonctionne et continue donc de produire des spermatozoïdes.

Le chirurgien remet ensuite le canal à sa place puis pose un point de suture – qui tombera seul – sur la peau du scrotum.

 

vasectomie

www.lavenir.net

 

L’intervention est simple, rapide et la douleur ressentie correspond à un petit pincement. Quelques hématomes, un léger gonflement et une gêne temporaire sont possibles après l’opération. Les premières éjaculations peuvent également être légèrement teintées de sang.

 

Il faut attendre trois mois afin d’avoir une stérilisation et enlever toute contraception. En effet, c’est le délai permettant d’évacuer les spermatozoïdes déjà présents dans le canal déférent.

1 Une proposition de loi, similaire à la législation française, a été présentée en 2003 mais elle n’a pas eu de suite. Celle-ci prévoyait que le patient devait être majeur, avoir un entretien avec un(e) psychologue, et un délai de réflexion de quatre mois devait être respecté entre le premier rendez-vous avec le/la médecin et le jour de l’intervention.

Bon à savoir

La vasectomie ne modifie pas le comportement sexuel ! En effet, il ne s’agit pas d’une castration : les testicules ne sont pas retirés, la production d’hormones est donc toujours garantie.


Il n’y a donc aucun effet secondaire sur le désir et le plaisir sexuel, sur l’érection, sur l’éjaculation ou même sur les poils et le tonus musculaire.

Et après ?

La vasectomie n’assurant pas une stérilisation immédiate, il est recommandé d’avoir des rapports sexuels protégés et de se masturber afin d’éliminer les derniers spermatozoïdes. Notons qu’il est recommandé d’observer une période d’abstinence d’une à deux semaines afin de permettre une bonne cicatrisation des canaux déférents. Il faut également éviter le sport durant cette même période, pour des raisons identiques.

 

Après trois mois, le patient doit réaliser un spermogramme pour s’assurer de l’absence de spermatozoïdes vivants.

 

spermographe

www.invitra.fr/la-qualite-du-sperme

(Ir)réversible ?

Bien que certaines techniques de reconstruction des canaux déférents existent (vasovasostomie), ces dernières sont complexes et le taux de succès est faible. La vasectomie est donc considérée comme une opération entraînant une stérilité permanente et doit donc être mûrement réfléchie !

 

Certains urologues conseillent à leur patient de congeler leur sperme avant l’opération si ces derniers désirent tout de même avoir des enfants plus tard.

 

Également, en cas de désir de grossesse, une biopsie testiculaire permettant de prélever les spermatozoïdes directement dans les testicules peut être envisagée mais le taux de succès n’est pas encore très probant.

Pour conclure :

La vasectomie est une procédure plus simple, plus sûre, moins onéreuse, moins douloureuse, plus rapide et plus efficace que la ligature des trompes pour les femmes.

 

C’est une opération très courante mais qui doit être néanmoins mûrement réfléchie !

***

La vasectomie n’est ni un acte fort, ni un geste héroïque de la gent masculine.  Tout comme pour la contraception féminine, cela devrait rentrer dans les mœurs, devenir “normal”.

vasectomie