Les phéromones

©Adrienne Mahiels – 25/03/2023

Les phéromones, ces molécules produites naturellement par le corps attireraient, entre autres, les potentiels partenaires sexuels… Mythe ou réalité ?

Une phéromone, qu’est-ce que c’est ?

Venant de l’anglais pheromone, le terme, créé en 1959 par le biologiste allemand Peter Karlson et l’entomologiste suisse Martin Lüscher, est construit à partir du verbe grec ancien phérō (porter) et des lettres finales de hormone.

 

Cette substance chimique naturelle comparable aux hormones, émise par la plupart des animaux et certains végétaux, permet aux individus d’une même espèce de transmettre des messages et ainsi provoquer des comportements spécifiques (tels qu’une attraction sexuelle, un comportement agressif ou maternel par exemple) ou une modification biologique.

 

La différence entre hormones et phéromones

 

Les hormones – telles que la sérotonine, l’adrénaline et les endorphines par exemple – sont sécrétées par une glande endocrine et libérées à l’intérieur de l’organisme par la circulation sanguine. Elles agissent sur le métabolisme en ayant une action spécifique sur un ou plusieurs organes dont elles modifient le fonctionnement (en le stimulant ou en l’inhibant).

 

Les phéromones, quant à elles, sont sécrétées par des glandes exocrines. Selon les espèces, on les retrouve dans la peau, l’air expiré, la salive, les sécrétions urogénitales (produites par l’appareil urinaire et génital) et vaginales mais aussi dans les urines ou les matières fécales. Elles sont libérées à l’extérieur de l’organisme et sont captées par les individus d’une même espèce de manière volatile (par le biais de l’odorat) ou par contact physique. Les phéromones jouent un rôle de messager chimique indispensable au bon fonctionnement d’un groupe pour beaucoup d’animaux.

La phéromone, quel est son rôle ?

Dans le monde animal

 

Les phéromones influencent grandement le comportement des animaux en permettant aux individus, par exemple, de se localiser, de prévenir une attaque de prédateur, de trouver de la nourriture ou de se signaler disposés pour l’accouplement.

 

Les modificatrices (ou primer pheromones) provoquent des modifications physiologiques de l’animal récepteur. Par exemple, les mâles de certaines espèces peuvent libérer des phéromones et accélérer la puberté des femelles tout en retardant celle des autres mâles.

 

Et chez les humains

 

Chez l’être humain, le sujet des phéromones est controversé. En effet, les structures olfactives étant vestigiales, les effets observés par le biais de diverses expériences sont faibles et sont surtout physiologiques et émotionnels et non comportementaux comme chez les animaux. Il est difficile de distinguer les effets olfactifs appris des effets phéromonaux innés.

 

Chez les personnes de sexe biologique féminin, certaines molécules – qui pourraient être des phéromones, sécrétées par les glandes de Montgomery située dans l’aréole autour du mamelon, provoqueraient des réactions innées (accélération de la respiration et du rythme cardiaque) ainsi que comportementales (mouvement des lèvres et protrusion de la langue) favorisant ainsi le réflexe de succion lors de l’allaitement. D’autres sont produites au niveau des aisselles, dans la région du périnée mais également dans les sécrétions vaginales.

 

Chez les personnes de sexe biologique masculin, ces possibles phéromones sont également secrétées au niveau des aisselles ainsi que dans la région du périnée mais également dans une partie du liquide séminal produite par la prostate.

Les phéromones et l’industrie

Grâce à des techniques biochimiques, les industries produisent des phéromones de synthèse utilisées au départ pour la protection des cultures, comme alternative aux insecticides. Surfant sur la vague, certaines entreprises ajoutent maintenant des phéromones aux parfums et à d’autres cosmétiques, suggérant des effets sexuels malgré l’absence de données expérimentales valides.

***

Suite à l’évolution de l’homme, les phéromones ont-elles donc encore un rôle signifiant dans nos vies ?

La science continue à se pencher sur le sujet. Personnellement, j’aime à croire que oui, que nous n’avons pas totalement perdu notre côté animal !